Perdu dans la Bibliothèque/univers de Borges

De la futilité d’écrire (mais de continuer malgré tout) |

“La vie d’un homme est une misérable ébauche…”

— Haroldo Conti

Tandis que je marche dans une de ces méta-librairies que compte Londres je suis soudain submergé par une tristesse familière, un sentiment qu’enfant j’éprouvais à chaque fois que je pensais au cosmos et à la place insignifiante que j’y occupais. Il s’agit de la plus grande librairie de Londres et son site internet annonce fièrement « six kilomètres et demi d’étagères » comme si cette longueur particulière et pas une autre était une raison de se réjouir. Là, ouvrage après ouvrage, projeté dans cette improbable jungle de mots, j’ai l’intime conviction que cet amoncellement hors-norme est la version éveillée d’un rêve érotique qu’aurait pu faire Borges. Livres de fiction et livres sur la fiction. Livres d’art et de photographies et livres sur l’art et sur la photographie… Il s’y trouve la plupart des formes d’expressions connues, des myriades de mots, de méta-dialogues, certains d’entre-eux légitimes, d’autres simplement édités sous des belles couvertures bariolées. Rien ne saurait échapper à cette librairie totale, aucun coin de l’univers ou de l’esprit n’y est laissé inexploré. Cette totalité est hideuse car entièrement ordonnée, filtrée à travers l’esprit d’on ne sait combien de spécialistes en marketing qui en ont fait une plateforme de vente très efficace et un désert anonyme pour les noms minuscules posés sur ses étagères. Si je devais donner un conseil d’écriture à quelqu’un, je choisirais quelque chose tirée de cette expérience. Marchez dans n’importe quelle gigantesque librairie et demandez-vous si vous pouvez supporter d’être un nom de plus perdu dans ce désert de mots. Si cette situation vous est intolérable alors faites autre chose.

La futilité d’écrire est quelque chose que j’éprouve à chaque fois que je pose mon stylo sur une feuille ou mes doigts sur un clavier. Pourquoi est-ce que je fais ça ? Mon obsession ne justifie en rien l’inutilité de ce geste. Je sais très bien que ce que je fais est vain, que c’est un message de plus dans une bouteille à un moment où chacun autour de moi voit couler ses propres espoirs. Marcher dans une librairie aussi énorme est un choc non pas parce que c’est dans ce lieu que je réalise l’inutilité d’écrire, mais parce que c’est là que je réalise la promiscuité dans l’échec qui est au coeur même de cette entreprise – je ne suis même pas original dans mon incapacité à rendre cette obsession efficace. Aucun comportement compulsif ne l’est d’ailleurs. Certains passent des heures face à un écran, le pantalon sur les chevilles. D’autres empilent les pages les unes après les autres. Avec du recul, je pense que nous devrions vraiment nous contenter de la masturbation. Au moins c’est une activité bien plus fun, moins nocive pour soi comme pour les autres et elle demeure un obstacle assez mineur dans notre course vers une certaine forme de succès, aussi petit soit-il. Soyons honnêtes, écrire est le meilleur moyen d’échouer à quelque chose. Je sais de quoi je parle, j’échoue tous les jours. La célèbre complainte de Terry Malloy, « I coulda been a contender » (J’aurais pu devenir quelqu’un), ne fait sens que si vos efforts ne sont pas annihilés avant même d’avoir commencé.. L’écriture ne laisse même pas de place pour une bonne vieille pleurnicherie.

“Words have their own firmness. The word on the page may not reveal (may conceal) the flabbiness of the mind that conceived it. All thoughts are upgrades–get more clarity, definition, authority, by being in print–that is, detached from the person who thinks them.
A potential fraud–at least potential–in all writing.”

— Susan Sontag

 Si vous n’avez jamais mis le nez dans La bibliothèque de Babel, la fantastique nouvelle de Borges, sachez au moins que dans cette histoire le génial Argentin flirte avec le fantasme de tout bibliophile : une bibliothèque sans fin. 

« L’univers (que d’autres appellent la Bibliothèque) se compose d’un nombre indéfini, et peut-être infini, de galeries hexagonales (…) La distribution des galeries est invariable. Vingt longues étagères, à raison de cinq par côté, couvrent tous les murs moins deux. » 

L’existence d’une Bibliothèque/univers (notez l’utilisation que Borges fait des majuscules), une Bibliothèque/univers monumentale voire infinie appelle l’existence d’un nombre de livres tout aussi monumental, tout aussi infini : 

« … la Bibliothèque est totale, et (…) ses étagères consignent toutes les combinaisons possibles des vingt et quelques symboles orthographiques (nombre, quoique très vaste, non infini), c’est-à-dire tout ce qu’il est possible d’exprimer, dans toutes les langues. Tout : l’histoire minutieuse de l’avenir, les autobiographies des archanges, le catalogue fidèle de la Bibliothèque, des milliers et des milliers de catalogues mensongers, la démonstration de la fausseté du catalogue véritable… »

En d’autres termes, même si la Bibliothèque n’a pas de fin les éventuelles combinaisons de vingt-deux symboles, elles, finiront tôt ou tard par être épuisées. Peu importe que la Bibliothèque soit infinie ou indéfinie, ce qui y est contenu est hors de notre portée limitée et, par conséquent, en apparence chaotique. Mais Borges ajoute aussi que la Bibliothèque est « périodique » et que « S’il y avait un voyageur éternel pour la traverser dans un sens quelconque, les siècles finiraient par lui apprendre que les mêmes volumes se répètent toujours dans le même désordre – qui, répété, deviendrait un ordre… »

Toutes les possibilités résultantes de ces vingt-deux symboles sont contenues et accessibles dans l’ordre chaotique de la Bibliothèque. Fait intéressant, c’est exactement de cette perfection que provient la détresse des hommes. La prise de conscience que tout ce qui peut être écrit l’a déjà été annule l’humanité, la rend fantasmatique et Borges de poursuivre son récit en décrivant une situation apocalyptique dans laquelle cette saturation de la parole écrite pousse les hommes au suicide.

Me considérant plus comme un écrivain que comme un lecteur j’ai du mal à comprendre la situation désespérée de ceux hantés par cet univers où tout ce qui pourrait être lu est déjà là. Pour eux, la lecture ressemble à une quête incessante – il ne faudrait jamais trouver le livre idéal, ou alors trouver toujours le même, ou des versions défectueuses. Pour moi, comme pour d’autres, il s’agit plutôt de remplir des pages avec des mots redondants, anonymes et toujours défectueux. L’impossibilité est différente.


“Dear Sir or Madam, will you read my book?
It took me years to write, will you take a look?”

— The Beatles

Les écrivains sont soit optimistes soit profondément stupides – sans doute un peu des deux. Pourtant, je suis persuadé que ce n’est ni la stupidité ni le besoin de reconnaissance qui nous fait aller de l’avant, mais bien ces « étagères virtuelles » auxquelles nous pensons. C’est bien la promesse de ces étagères encore à venir qui nous pousse à continuer dans la voie de l’écriture. La Bibliothèque monumentale de Borges est une abstraction qui fonctionne parce qu’il n’y a que 22 symboles (plus trois points de ponctuation) à combiner éternellement. Le perpétuel retour de ces symboles garantit que, dans le temps et l’espace, toutes les combinaisons possibles seront atteintes. Mais si la Bibliothèque est réellement indéfinie ou infinie, ne pourrions-nous pas proposer un nombre tout aussi indéfini ou infini de systèmes et/ou de symboles, proliférant, mutant sans cesse ? Nous donnerions alors naissance à de nouveaux volumes écrits dans de nouvelles langues. À quoi ressemblerait une Bibliothèque dans cette situation de constante évolution ? Certainement à un univers à jamais incomplet, créant de nouveaux univers à son tour, proliférant lui aussi vers un horizon inatteignable. Il ne s’agirait plus d’un univers ressemblant à une Bibliothèque, mais d’une bibliothèque qui serait Univers.

Cette Bibliothèque/Univers serait pleine de volumes qui resteraient encore à écrire, mais qui pourraient être écrits au coeur d’un système particulier de symboles et conclus dans un autre. Ou pas. Nous écrivons dans le monde tel qu’il est, réel, palpable et celui-ci rythme sans cesse notre imagination. Et malgré ça, même dans la plus encombrée des bibliothèques, il y a encore des espaces entre les volumes, des écarts infimes dans lesquels des chefs-d’œuvre virtuels respirent. De manière très égoïste, c’est cela que nous, écrivains, auteurs, recherchons. À l’instar de Terry Malloy nous pourrions ne jamais devenir quelqu’un, être remarqué par qui que ce soit, mais il est impossible que nous manquions un jour de mots. Le problème ne sera alors plus l’épuisement des combinaisons, mais, à l’inverse, l’impossibilité de les épuiser (1)


“Toute l’écriture est de la cochonnerie.
Les gens qui sortent du vague pour essayer de préciser quoi que ce soit de ce qui se passe dans leur pensée, sont des cochons.
Toute la gent littéraire est cochonne, et spécialement celle de ce temps-ci.”

— Antonin Artaud

Notre époque est marquée par l’écrit et, distractions mises à part, Internet est désormais ce qui se rapproche le plus d’une Bibliothèque telle que Borges l’a imaginé. Comme les personnages de l’histoire nous devons choisir entre trouver notre chemin ou risquer de nous perdre dans cet univers. Bien entendu, nous choisissons toujours la deuxième option. Mais le plus important, quoique nous fassions lorsque nous sommes en ligne, est que la mécanique même d’internet attend de chacun de nous que nous devenions des écrivains, ou au moins des dactylos. Si on peut affirmer sans trop de peine que l’invention de la presse a largement démocratisé la lecture, Internet et la technologie numérique ont de leur côté massivement ouvert l’usage de l’écriture. Ce faisant, ils ont aussi contribué à sa banalisation. Ceci n’est pas une rengaine conservatrice de plus, mais un constat simple : nos vies contemporaines nous poussent à écrire nos pensées « en direct » et ce pour une audience qui produit tout autant de matière verbale. Si nous pouvons nous permettre une insouciance pareille c’est pour la simple et bonne raison que tout le monde autour de nous est plongé dans une pratique solipsiste de l’écriture et qu’au final personne n’écoute vraiment.

La plupart des mots que nous écrivons aujourd’hui voient le jour sur les réseaux sociaux. Je ne doute pas que ces derniers puissent être utilisés pour produire une forme particulière de littérature. Au quotidien, je vois des gens en faire quelque chose ou en tout cas de tenter d’en faire quelque chose. Une oeuvre, un poste à la fois. Les éditeurs devraient d’ailleurs compiler ce matériel libre de droit et les publier dans des collections de littératures contemporaines – ils seraient même dispensés de payer avoirs et émoluments déjà bien maigres. Les auteurs, quant à eux, seraient bien mieux inspirés soit de mettre fin à leurs opérations d’auto promotion sur les réseaux sociaux soit de les utiliser de manière strictement personnelle.

Après tout, ce qui se passe sur les réseaux sociaux reste sur les réseaux sociaux (2). La quantité de temps requise pour maintenir ces pratiques et la façon dont elles privent les auteurs d’une audience potentielle qui passe plus de temps à lire des traits d’esprit en mode télégraphique, rend effectivement l’écriture d’autant moins justifiable. Écrire en 2015 n’est (sans doute pas) la meilleure façon de sortir de l’anonymat, ça l’est bien moins qu’au XVIe siècle en tout cas. C’est sans doute pire en fait. Mais devrions-nous revenir au XVIe siècle pour autant ? Non, bien entendu. Peu de gens meurent de froid en 2015, indépendamment du nombre de livres qu’ils lisent.

Que nous posions notre stylo sur le papier chaque jour ou non, que nous nous faisions un nom grâce à nos écrits ou que nous restions dans l’anonymat, que les étagères des librairies soient vides ou pleines, que nous nous trouvions dans la Bibliothèque ou dans une bibliothèque, la vie s’écoule autour de nous sans autre effet. Les gens continuent de vivre et de mourir et surtout d’avoir des choses beaucoup plus intéressantes à faire de leur temps. L’écriture me semble inutile et impossible à justifier de façon raisonnable. À moins de voir ça comme un hobby. Une façon de passer le temps. Quelque chose que l’on peut aimer ou détester… Une chose à laquelle consacrer sa vie, indépendamment d’un échec toujours certain.

“ayant acheté une balance
je regarde la lune différemment ”

— Bashō

Notes :

  1. D’autre part, je suis tenté de prétendre qu’il n’y a pas de meilleur chef-d’oeuvre que celui qui ne sera jamais écrit ou comme le dit Walter Benjamin : « L’oeuvre est le masque mortuaire de sa conception. » Dans l’esprit d’un écrivain, il n’y a pas mieux de meilleure bibliothèque que celle que l’on fait de ces œuvres qui ne seront jamais écrites.
  2. Soyons clairs : les réseaux sociaux sont une façon franchement perverse de promouvoir tout ce qui a lieu en dehors des réseaux sociaux. L’illusion que ces derniers peuvent nous aider à quitter l’océan de l’anonymat en générant des lecteurs est facilement réfuté lorsque nous réalisons que sur Twitter, pour ne citer qu’une seule plateforme, seulement un pour cent, voire moins, des personnes qui sont « engagés » sur un contenu possédant un lien externe clique dessus. Est-ce que les personnes qui ont cliqué sur le lien ont lu le contenu de la première à la dernière ligne ? C’est une chose impossible à dire. Ont-ils compris ce qu’ils lisent ou pas ? Nous ne le saurons jamais.

par Fernando Sdrigotti

On the futility of writing (and writing in spite of it all)  a paru pour la première fois dans la revue Gorse, le 8 juillet 2015.

Tout comme Angel Di Maria Fernando Sdrigotti est né à Rosario, en Argentine. Il vit désormais à Londres où il est le rédacteur-en-chef de Minor Literature[s] et contribue à différentes revues comme 3:AM Magazine et Número Cinq. Il est l’auteur de Tríptico et Shetlag ainsi que d’un recueil de nouvelles, Dysfunctional London Males, à paraître prochainement. Vous pouvez suivre Fernando sur Twitter @f_sd.


Gorse est une revue bi-annuelle publiée à Dublin par Susan Tomaselli et Christodoulos Makris. Marchant dans les pas d’illustres aînées comme The Paris Review, The White Review ou Hubert Butler, Gorse publie des textes de narrative fiction, des essais, de la poésie et explore la littérature là où la ligne de démarcation entre fiction, mémoire et histoire est toujours floue.


3 replys to Perdu dans la Bibliothèque/univers de Borges

  1. { « Les éditeurs devraient d’ailleurs compiler ce matériel libre de droit et les publier dans des collections de littératures contemporaines – ils seraient même dispensés de payer avoirs et émoluments déjà bien maigres. » } –> J’ose espérer que c’est de l’ironie, une blague de mauvais goût mal signifiée dans votre texte. Rappelons à toutes fins utiles que non, les textes publiés sur le net et les réseaux sociaux demeurent, sauf contre-indications spécifiques et volontairement choisies, type Creative Commons) la propriété morale de leurs auteur.es, et qu’ils ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’une exploitation commerciale sans l’accord desdits concerné.es.
    Derrière les critiques d’un monde qui change (quel monde ne change pas ?), je n’arrive pas à dépasser le côté "self-pity" de l’article, comme si l’auteur qui se rêvait en Proust imaginait qu’il eut autrefois existé un monde plus propice à l’assouvissement de ses ambitions. J’ai du mal avec l’idée d’écrire un texte sur l’inutilité d’écrire, comme si internet n’était pas un endroit déjà assez bruyant comme ça — ça ne fait que rajouter du bruit blanc et ça n’apporte pas grand-chose, sinon à consoler l’auteur de ces lignes (en cela, effectivement, on se rapproche du soulagement de la masturbation).
    Je n’ai rien à conseiller, bien sûr, ce n’est pas ma place ; mais j’aimerais lire cette plume, fine et acérée comme elle se doit de l’être, au service d’un propos plus optimiste (ou plus stupide, c’est selon). La littérature, c’est une chose sérieuse. Ne lui faisons pas perdre de ton temps.

    1. Je me permets de répondre à la place de Fernando qui ne parle ni n’écrit le français.

      Il s’agit bien entendu d’une ligne ironique. Le reste du texte, le titre le sont tout autant (l’auteur est écrivain, chroniqueur sur différentes plateformes, numériques et papier, et ça a l’air de lui plaire pas mal). En ce qui concerne Proust et la mélancolie, Fernando explique à plusieurs reprises qu’il ne se plaint de rien ou qu’un retour au « XVIe siècle », un temps où il était plus facile de se faire un nom grâce à ses écrits (ça reste à voir) ne l’intéresse pas bla bla bla… Bon. On a manifestement à faire à un type qui prêche le faux pour avoir le vrai ou en tout cas qui cherche à provoquer le débat. Chose presque réussie. Son propos me paraissait assez intéressant, les questions qu’il pose en creux largement valables pour être proposés à un lectorat français. Je trouve que l’idée d’écrire un texte sur la possible inutilité d’écrire est lourdement pertinente. « Devenir quelqu’un » n’est pas un simple problème d’ego, de branlette ou de pleurnicherie. Ça veut simplement dire que le solipsisme, même en littérature, à ses limites et que lorsqu’on se lance dans cette voie c’est pour que l’autre (le lecteur) le reconnaisse. Un écrivain, un éditeur qui ferait mine de dire le contraire mériterait une paire de baffes. Après, on peut toujours discuter la qualité d’un texte.
      À un tout autre niveau, lorsque je vois l’écart (j’aurais pu dire le « gap » mais j’habite toujours en province), l’écart disais-je entre les efforts que l’on met à tenir ce site debout (je rappelle pour le folklore collectif que, malheureusement pour la France et la Littérature Française, les membres du FFC ne sont pas professionnels, qu’ils écrivent sur des ordi payés à crédit, lisent des livres qu’ils paient neuf fois et demi sur dix et publient quand leur emploi du temps respectif se sent des largesses… certains commencent même à avoir des gamins, c’est une galère sans fin pour boucher les trous), les efforts donc et le siiiiiii faible écho que l’on en tire (les stats du site sont à mourir de rire… ou de tristesse, c’est selon) je trouve que la question se pose à chaque fois. Est-ce que c’est vraiment utile ? Pourquoi est-ce qu’on s’emmerde à publier des papiers de vingt mètres de long que trois personnes verront ? Sans parler de savoir si elles l’auront lu jusqu’au bout. Pourquoi est-ce qu’on se lance dans des projets aussi improbables qu’une revue littéraire ou 52 nouvelles en 52 semaines (sans ironie, les chiffres sont-ils « bons » d’ailleurs ? Sont-ils à la hauteur ?) ? Bien sûr que la question se pose. Bien sûr qu’un texte comme celui-là reste pertinent. Mais je pense qu’au final, le texte dévie de son axe dès le deuxième paragraphe. Le véritable sujet c’est ce qu’il y a dans la parenthèse du titre et que Fernando balaie (un peu vite, c’est vrai) à la dernière phrase.
      Après, j’ai l’impression que tu (je dis « tu », on a le même âge, en tout cas la même barbe) a perdu ton temps à lire ce papier et que ça t’a mis un peu colère. Moi qui ne portais pas plus que ça Borges dans mon coeur jusqu’à très peu, je dois dire qu’il écrit une phrase qui m’a fait gagner pas mal de temps dans ma vie de lecteur. De mémoire ça donnait un truc du genre « Il y a des livres qui ne sont pas écrits pour nous, il ne sert à rien de perdre notre précieux temps avec. L’univers regorge de livres qui n’attendent que nous. » Je suis pratiquement certain que le « que » de « que nous » était en italique, mais l’esprit y est. Dans le cas qui nous occupe, j’imagine que l’on peut aisément remplacer le mot « livre » par « article » ou « texte ». En espérant que le prochain sera le bon. Ça devrait être sur le dernier livre de Pierre Senges.

  2. Un avantage d’user des parallèles, l’espoir de percevoir plus de ces parallèles. Cool sur ce type de texte où le besoin de commenter, continuer à explorer, alimenter la tour se fait sentir… Alors que ce truc c’est débâcle générale sur des sites à visites. Ecrire sur l’inutilité d’écrire dans un monde où écrire dérive entre les dispositions / aspirations / ambitions, et / où les frontières / plateformes / étendards etc, plus les types d’écritures est intéressant. Le thème peut devenir porteur si on vient à imaginer des déclinaisons, un ensemble, du moins ça me plait bien, comme fonctionne la casa Borges (et comme évoqué dans le commentaire du dessus).

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