Americana

Les cowboys aussi éditent des livres pour enfants |

Si « rien ne saurait surprendre un Américain » selon les mots de Jules Verne, il est crucial de ne pas perdre de vu que les Américains, eux, ne cesseront jamais de nous surprendre. Surtout lorsque la créativité débordante et l’esprit d’entreprise qui caractérisent ce peuple élu de Dieu s’expriment dans les recoins les plus inattendus. Dernier exemple en date: l’accouplement (assez étrange) du fameux et trois fois sacro-saint second amendement (celui qui inscrit le droit à la possession d’armes dans la constitution américaine) et les livres pour enfants. Attention les yeux, ça pique.

Never Forget 9/11. The kid’s book of freedom et The True Face of Evil – Terror sont deux livres de coloriage anti-islamiques qui veulent faire briller la flamme patriotique et « viens-pas-m’enquiquiner-sinon-je-serai-obligé-d’apporter-la-démocratie-dans-ton-pays », d’une Amérique dont une bonne partie n’a toujours pas digéré l’arrivée à la Maison-Blanche d’un noir hawaïen portant un nom Swahili. « Nos livres disent la vérité, ils la disent souvent et surtout ils la disent aux enfants. » déclare Wayne Bell, fondateur de Really Big Coloring Books, une maison d’édition qui a des idées à gogo. Ces derniers jours, elle a ajouté à son catalogue quelques chouettes pages sur l’État Islamique en Irak. Ainsi, il est désormais possible de colorier (sans dépasser) le cadavre d’un juif ou d’un chrétien crucifié par des terroristes. En matière de créativité certains ne transigent pas. « Sky is the limit ». Bell, qui avait déjà frappé un grand coup avec un bouquin sur les « super héros » de la Bible, a bien essayé de convaincre le ministère de l’éducation américain d’incorporer ses livres de coloriage au programme public, mais sans succès… Il interroge tout de même: « Qu’allez-vous faire lorsque les terroristes viendront pour vous? »

Brian Jeff et Nathan Nephew ont une réponse assez simple à cette question: porter un flingue et le faire savoir. C’est ce qu’outre-Atlantique on appelle l’open-carry (par opposition aux petits timides qui portent leur arme dissimulée dans un holster ou sous une veste). Ce mouvement cowboy comme jamais veut désormais faire entendre ses arguments à la jeunesse américaine.
« Avant d’écrire ce livre nous avons cherché des ouvrages pro-armes pour les enfants et nous n’avons rien trouvé ! » racontent Jeff et Nephew. « Nous voulions refléter ce que pense la majorité des Américains. L’autodéfense est un droit naturel basique et les armes sont le meilleur moyen d’y parvenir. » De fait My parents open-carry est un livre indispensable et plein de bonne humeur. #AhAh.

Brenna Strong a 13 ans et ses parents portent tous les deux une arme à la ceinture. La petite famille passe son samedi à se balader dans un centre commercial lorsque SOUDAINPATATRAS! des ados curieux viennent poser des questions à papa et maman Strong sur ces armes exhibées si ouvertement. « C’est une bonne question » répond papa Strong qui en a vu d’autres. « Il y a plusieurs raisons à cela. Porter son arme ouvertement prévient le crime, c’est plus facile pour dégainer et bien plus confortable en été lorsqu’on s’habille légèrement. Cela permet aussi aux propriétaires d’armes de sortir du placard et de montrer à tout le monde que ce sont des gens bien. »

Il y aura toujours des optimistes pour vous dire que cela fait vendre des livres… C’est sûr. Et puis, autre pays, autres mœurs comme on dit. Les Américains sont vraiment surprenants, mais la question qu’on devrait plutôt se poser c’est: pourquoi cela ne cesse-t-il pas de nous surprendre?