Entretien avec Mark Z. Danielewski

Toast et mutilations |

Dans le firmament touffu des objets-livres, il existe une branche phylogénétique qui rassemble les livres-arc-en-ciel : ceux dont la (devrais-je dire les, car tout livre en possède au moins une, la noire) couleur de l’encre, tels le sépia de la seiche et l’hémocyanine de la limule, jouent un rôle organique, vital pour celui-ci. Je ne sais pas quel fut le premier petit malin à inventer des livres imprimés en plusieurs couleurs et dont (ce dont est essentiel) la couleur est partie intégrante du discours et du dispositif du livre, cependant me viennent à l’esprit deux français incontournables dont les projets n’auront été complétés que par des éditions tardives. Raymond Roussel et ses Nouvelles Impressions d’Afrique (1932 ; publié selon le projet de l’auteur par Al Dante/Leo Scheer en 2004) et Maurice Roche et son Compact (1966 ; nouvelle édition en sept couleur publiée par Tristram en 1997, l’année de la mort de Roche) ont imaginé prendre le projet des voyelles rimbaldien au pied de la lettre et nous voilà devant deux objets-livres de toute beauté, qui sont autant livres-textes dont la couleur n’est pas exactement qu’un ornement.

En 2000, l’américain Mark Z. Danielewski publie son premier roman, House of Leaves, qui devient rapidement culte et poursuit l’idée d’un livre non seulement multicolore, mais un véritable roman pop-up auquel il manquerait simplement les inventions de fabrication d’un BS Johnson ou d’un Marc Antoine Mathieu (trous dans la page, accordéons pliés, feuillets détachables, etc). Sa Full-color Edition comporte quatre couleurs, et ce traitement colorisé, il le reprend et l’amplifie dans Only Revolutions en 2007. L’édition française de House of Leaves, La Maison des Feuilles, a été publiée par Denoël en 2002 dans une traduction de Claro. C’est une édition en noir & bleu. L’ouvrage, qui tombe en rupture avec une régularité d’horloger, n’est actuellement pas disponible, et l’on ne peut que souhaiter que cela ressorte illico presto — et, peut-être encore espérer, qu’avec un peu de courage et de bonne volonté de la part des éditeurs, le lecteur français pourra un jour découvrir une Maison des feuilles toutes-couleurs.

Cela fait pile poil dix ans que House of Leaves est paru. Pour un livre qui a connu un succès critique et commercial aussi important aux États-Unis, comme en France, et des traductions en Italie, en Allemagne, en Serbie, au Japon, etc. (et étonnement pas encore en Espagne ou en Amérique latine), pour un livre qui aura marqué au fer blanc celui qui l’a lu et qui aura provoqué des tonnes et des tonnes de discussions et de rencontres, d’amitiés et de prises de becs — il n’y a qu’à faire un saut sur le forum dédié, je ne suis pas sûr qu’une autre entreprise littéraire ait jamais pris de semblables proportions — j’avais envie d’inviter nos lecteurs à porter un petit toast pour le passage de la décennie. On sait peu de choses sur le travail actuel de Danielewski, gageons qu’il doit être en train de nous préparer une nouvelle fantaisie qui saura nous surprendre. Et pour marquer le coup et donner quelques nouvelles, je propose ci-après une traduction d’une conversation réalisée par deux aficionados, René López Villamar et Manuel Dávila Galindo, pour la revue en ligne Hermano Cerdo, à la Foire Internationale du Livre de Guadalajara (Mexique) en 2009 où était invité Mark Z. Danielewski. Une conversation tout fraîchement donnée sur leur site et qui évoque de manière légère et décontractée, quelquefois espiègle : Bolaño et Borges, les bourses d’État, la mécanique du marché de l’édition international, le Mexique des couleurs… René est né en 1979 à Mexico, il est écrivain et critique littéraire et tient le blog Teoria del caos ; Manuel est né en 1980 à Mexico, il est éditeur et poète, et créateur de la poesía Nuclear (poésie Nucléaire). Je remercie Nash du forum HOL de m’avoir averti de cet entretien.

— par Antonio Werli


En décembre de l’année dernière, Hermano Cerdo nous a envoyés interviewer Mark Z. Danielewski, l’auteur de House of Leaves et de Only Revolutions, invité de la Foire du Livre de Guadalajara. À ses trousses pendant deux jours, Danielewski a finalement accepté l’entretien qui a eu lieu sur l’une des terrasses du centre Expo Guadalajara.

Nous avions choisi l’endroit la veille, non pas pour la vue, qui ne donnait sur rien d’autre que le squelette d’un nouvel hôtel en construction, mais parce qu’il y avait des tables et des chaises confortables où s’installer. Mais nous ne pensions pas qu’à dix-neuf heures, les chaises et les nappes allaient être remballées. Lorsque nous sommes arrivés, la terrasse était vide. N’ayant pas de temps à perdre, nous en avons attrapé quelques unes sans demander notre reste. Mark a porté la sienne.

Il y eut un second imprévu : le magnéto chargé à Mexico n’avait plus de batteries, nous avons donc utilisé le téléphone de Manuel pour enregistrer la conversation. La qualité d’enregistrement n’était pas très bonne, pour nos voix en particulier. Nous avons donc placé l’enregistreur le plus près possible de Danielewski, qu’on entendait quant à lui parfaitement. De fait, ce que vous êtes sur le point de lire n’est pas l’entretien tel qu’il s’est déroulé, mais tel que nous nous en souvenons. Comme l’a dit Mark : « J’espère que vous allez mutiler et dénaturer tout ce que j’ai dit, mais que ce soit grandiose, d’accord ? » Nous ne souhaitons pas le décevoir. [Ni moi non plus, traduisant d’une traduction et redécoupant un collage — A.W.]

— par René López Villamar & Manuel Dávila Galindo


Tu as mentionné Roberto Bolaño à plusieurs reprises ces derniers jours à la Foire. Quelle est ton expérience avec cet écrivain ?
Je n’avais pas lu Bolaño jusqu’à l’année dernière. Aujourd’hui, j’ai lu tout ce qui a été publié.

C’est étonnant ce que tu dis, car j’ai toujours trouvé des parallèles entre ton œuvre et celle de Bolaño. J’ai l’impression que vous abordez bon nombre de thèmes similaires.
J’ai adoré, mais je me suis senti très triste en lisant Bolaño. J’aurais voulu m’asseoir et prendre un café avec lui. C’était un écrivain avec lequel je sens qu’il y avait une possibilité de dialogue. À vrai dire, j’ai beaucoup appris sur les écrivains latino-américains ces derniers temps et je pense que Bolaño est monté sur les épaules de géants. J’aime la direction qu’il a pris, contre Octavio Paz, contre Gabriel García Márquez. Il élimine le romantique sans que son monde perde en intérêt. Bolaño rend le monde attrayant grâce sa curiosité, son humour, et particulièrement sa peur. Je crois que nous avons cela en commun. House of Leaves est un livre qui prend sa source dans la peur qui est juste là, à proximité. Only Revolutions est une histoire plus terrible encore, mais pour la plupart, elle n’est pas accessible. C’est comme si tu regardes une montagne magnifique à distance. Si tu ne t’en approches pas, il n’y aucune menace, mais si tu décides de l’escalader, la terreur se fait sentir, c’est un endroit très dangereux. J’aime voir le monde à travers le regard de Bolaño, et je repense [à la conversation qui a eu lieu une heure plus tôt autour de Los Angeles et le surréalisme, nda], il y avait beaucoup des questions qui revenaient régulièrement au sujet du surréalisme, sur ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, et cette opposition est très pauvre : le réalisme serait ainsi essentiellement une narration en ordre chronologique qui prend en compte la manière dont tu t’habilles, comment tu t’appelles et ce que tu dis. Mais comme Sal [Salvador Plascencia, nda] l’a parfaitement formulé, cette définition ne prend pas en compte ce qui se passe dans ta tête, la vie de l’esprit, pour le dire d’une certaine manière. De plus, le fait que Bolaño parvient à aborder les États-Unis avec une grande maîtrise est aussi un témoignage de sa force.

Bolaño a un jour écrit que Borges devrait être le centre du canon pour la littérature du XXIe siècle. Cela te semble-t-il juste ?
Sans aucun doute. Dans mon monde, si l’on ne parle pas de Cervantes, c’est de Borges dont il s’agit. Without a doubt. C’est-à-dire : j’aime lire García Márquez, mais c’est Borges que j’ai sur ma table de chevet. J’ai immédiatement senti la nécessité de recourir à ses textes. Cet après-midi, nous avons discuté avec Aimee Bender sur la manière dont certaines personnes accusent Borges d’être froid, sans cœur, une pure mécanique. Aussi franchement que nous l’avons dit, nous pensons tous les deux que c’est ridicule, Borges montre son cœur à chaque page. Être articulé d’une manière qui oblige à le déchiffrer et à l’interpréter ne signifie pas qu’il n’a pas de cœur.

Parlant de Borges, certaines des choses qui se sont produites autour de tes livres rappellent sa nouvelle « Tlön, Uqbar, Orbis Tertius », l’œuvre qui saute de la fiction au monde réel : des gens qui se sont tatoués « This is not for you » [l’exergue de House of Leaves, ndt] sur les bras, des groupes écossais qui basent leurs disques sur tes livres… Quelle impression as-tu du fait que tes livres puissent prendre une vie propre ?
C’est l’un des plus grands compliments que j’ai pu recevoir. Particulièrement quand d’autres artistes prennent ce que tu as fait, c’est merveilleux. J’aime ce dialogue, cet échange. La littérature fait la même chose, mais c’est long, cela prend beaucoup de temps d’être lu, c’est presque toujours une génération qui parle à la génération antérieure, et elles ne se rétroalimentent pas tant que cela. Au point que voir un artiste capable de répondre aussi rapidement me donne de l’inspiration. Je le fais tout le temps, moi. La musique et l’art m’inspirent, et évidemment, les autres écrivains. Mais je ne peux pas encore expliquer cela, je ne sais pas ce que cela signifie. Je ne sais pas si ce circuit va se fermer ou s’il s’agit d’une expérience différente. Et j’aimerais ajouter : quelque chose d’étrange se produit avec les entretiens, parce que ce sont des paroles transcrites, et bien qu’on m’attribue tout le temps des citations erronées (et j’espère que vous ferez de même, j’espère que vous allez mutiler et dénaturer tout ce que j’ai dit, mais que ce soit grandiose, d’accord ?), on suppose qu’il s’agit de ma voix. Mais dans un sens, je pense que ce n’est pas juste. On dirait que ce qui est écrit là a la même valeur qu ce qui est écrit dans Only Revolution ou The Fifty Years Sword ou House of Leaves, mais rien n’est moins sûr. C’est comme de parler avec un joueur de basketball de la manière dont il met un panier : cela ne ressemble en rien au moment de mettre le panier. Pour moi, l’expérience est dans le livre en tant que tel, mais je peux dire quelque chose de différent. Par exemple, je pourrais dire que je ne suis pas l’auteur. J’aurais pu être employé par Mark Z. Danielewski pour être une créature qui apparaît en public et raconte des histoires. Je blague évidemment, mais ce n’est pas entièrement une blague. En soi, c’est une espèce de jeu d’acteur. Pour en revenir à la question, sur comment les livres passent dans le monde, je crois qu’ils possèdent des vies propres. Mes livres et moi sommes différents. Je suis comme un père à qui l’on demande comment vont leurs filles. Et ces filles, en particulier House of Leaves, ont grandi. Elles tiennent des conversations, des agissements et ont des influences que je ne connais pas.

Tu as toujours vu tes livres de cette manière ?
C’est tout un processus. Tu commences comme un père pointilleux. Tu te préoccupes beaucoup. Tu veux savoir ce qu’on dit de ton travail. Tu lis les critiques. Finalement, ça te dépasse. À un moment, j’ai commencé à vivre une expérience étrange, particulièrement avec House of Leaves, qui a été le premier livre que j’ai publié. Tout d’un coup, je ne savais plus ce qui se passait. J’ai d’abord cru que je pouvais me tenir au courant de tout. Ensuite je me suis rendu compte que je ne pourrais pas. Et rapidement, il a été évident qu’il était simplement impossible de le faire. J’aimerais dire que cela a à voir avec le fait que j’ai mûri, mais ce serait un peu vaniteux de ma part.

Après dix ans, House of Leaves a été une bonne fille ?
Je suis fier d’elle.

Nous étions nombreux à penser que ta visite au Mexique pouvait être le signe de la publication prochaine de tes livres en espagnol. À quel point nous trompons-nous ?
Savoir que je ne suis pas traduit en espagnol me rend triste, et m’irrite. Je ne sais pas pourquoi cela ne s’est pas fait. Malheureusement, ce qu’on m’explique du monde éditorial, c’est que le livre doit être d’abord traduit et publié en Espagne et ensuite exporté en Amérique Latine. C’est une façon de fonctionner détestable. J’aimerais beaucoup être traduit au Mexique. Ce serait un grand honneur. Mais je sais que c’est très coûteux. Cela demande d’un traducteur qu’il s’implique, qu’il soit méticuleux, d’un éditeur qu’il soit disposé à dépenser l’argent nécessaire pour la maquette et l’éditer en couleurs, même si je peux être d’accord pour une édition en noir et blanc.

Pas de noir et blanc s’il te plait !
Je n’aimerais pas le faire. Je crois que de tous les pays du monde, le Mexique comprendrait le mieux la couleur. C’est un pays coloré. La distance entre les autres arts et la littérature n’est pas aussi grande qu’aux États-Unis. Je ne sais pas. Il doit y avoir un éditeur pas loin, dehors, susceptible de le faire, mais je crois que cet éditeur doit se montrer de lui-même, et je pense qu’il n’est pas difficile de se mettre en contact avec mon agent et discuter.

Penses-tu que ton travail serait bien reçu au Mexique ?
En réalité, je n’ai pas d’éléments pour répondre à cette question. Mais mon instinct me dit que oui. Il me l’a toujours dit. J’ai toujours dit que House of Leaves marcherait bien en Allemagne et au Mexique. Je pourrais me tromper. Mais le Mexique est un endroit qui peut comprendre de quoi il s’agit. Comme tu le sais, House of Leaves contient de la poésie, de l’art concret… Aux États-Unis, les situations sont différenciées : tu es romancier, tu es essayiste, tu es poète, tu es peintre. Tu ne peux pas passer de l’un l’autre. Au Mexique, ce n’est pas comme cela. Et voilà une réponse raisonnable. Je pense qu’il y a une audience potentielle. Mais je sais qu’un éditeur potentiel aura peur. C’est quelque chose d’effrayant et qui a beaucoup à voir avec la manière dont c’est traduit. Le chemin est long et cela va prendre entre deux ans et demi et trois ans pour arriver au bout. Il faut se lancer. Mais je ne maîtrise rien sur ce point. Je regarde ma fille [House of Leaves] et je lui dis qu’elle doit aller au Mexique. Si le Mexique ne veut pas de ma fille, ce n’est pas si grave… elle est déjà bien reçue ailleurs.

Tu as publié une nouvelle « All the Lights of Midnight » sur le coup d’état militaire au Chili, qui a curieusement beaucoup de parallèles avec Étoile distante de Bolaño. Comme est né ce texte ?
Le coup d’état militaire au Chili a toujours provoqué chez moi une forte impression. Je ne sais pas pourquoi. Cela a en partie à voir avec les recherches que j’ai faites pour Only Revolutions. Il y a aussi la musique : j’ai toute la musique de Inti Illimani et j’aime l’écouter. J’aime ce pays : les montagnes, les déserts, c’est une palette immense. L’étrangeté de son espagnol m’attire : son accent, ses particularités. Et je suis aussi attiré par le fait que son histoire et celle des États-Unis sont profondément mêlées. Et encore, avant que j’oublie : Victor Jara et la fameuse scène du Stade. Les États-Unis ont participé à cela. Je suis sidéré par le fait que nous ayons pris part à cet acte épouvantable. Je ne veux pas dire non plus que le Mexique n’a pas d’intérêt pour moi, il m’intéresse beaucoup. Tout ce qui est lié à l’espagnol m’intéresse car j’ai vécu deux ans en Espagne. J’ai grandi avec des idées sur la politique en Espagne, sur le franquisme, car mon père tournait un documentaire là-bas.

Peux-tu nous parler de ton travail en cours ?
Il reste encore de nombreuses années avant de le finir. Je travaille dessus depuis quatre ans. [Le lendemain, au cours d’une conversation sur Thomas Pynchon, Danielewski confesse qu’il a des doutes quant à son nouveau livre et qu’il ne sait pas s’il doit continuer ou commencer un autre projet, nda.]

Que penses-tu des bourses gouvernementales pour financer le travail des artistes ?
Je formulerai le problème de cette manière : mon agent reçoit trois cents offres par an pour faire un film de House of Leaves. Il y a aussi de l’intérêt pour The Fifty Years Sword. Quelques courageux pour Only Revolutions. Je ne vais pas dire aujourd’hui que je changerai d’avis, car je les ai toujours refusées. Il y a quelques jours, j’ai eu la chance de déjeuner avec la chorégraphe Twyla Tharpe et nous avons parlé du marché et il y a eu cette phrases dans la discussion : « Combien de temps cet argent va me coûter ? » Je répète : « Combien de temps cet argent va me coûter ? » La vérité, c’est que je ne suis pas riche. En fait, j’ai même été très pauvre. Lorsque je vivais à Paris, je n’avais rien. J’ai creusé des trous et réparé des tuyauteries. Ce qui est sûr, c’est que j’ai toujours dit non. Je n’écrirai rien qui porte le moindre compromis financier. Ce n’est pas ce que je fais. Je peux t’assurer qu’Only Revolutions n’aurait jamais été écrit s’il avait dépendu d’un financement externe. Je ne sais pas comment un écrivain peut prendre de l’argent de l’État et produire une œuvre honnête. Je ne pense pas que ce soit une question politique, mais c’est un sujet important. Si tu discutes avec des écrivains qui travaillent avec Hollywood, ils admettront qu’ils en paient le prix.

Mais ils savent pourtant que Hollywood est une espèce de prostituée, tu ne crois pas…
Disons alors que l’État est une sorte de strip-teaseuse… On dit que c’est une danseuse, mais la vérité c’est que… Nous avons le NEA (National Endowment for the Arts). Nous avons des bourses. L’argent pourvoit à l’argent. Il ne faut pas faire d’hyperboles. Il y a toujours des manières pour l’État de nourrir son programme culturel. Peut-être qu’un jour viendra où tout cela me paraîtra ridicule et je déciderai de faire un film de House of Leaves. Je pourrais alors m’acheter une maison, envoyer mon fils à l’université (même si je n’ai pas d’enfants). Qui sait…

Pour finir, peux-tu nous donner ta perception du Mexique maintenant que tu l’a visité ?
J’ai lu énormément de choses sur le Mexique, et rien n’est évident. Beaucoup disent que c’est un « État failli ». Tu peux comprendre qu’il y a une sorte de cancer systémique. L’argent des cartels est si puissant qu’il a affecté la politique et la police. Les gens ne peuvent plus avoir confiance dans les institutions. C’est n’est pas simplement qu’ils ne peuvent plus avoir confiance en cela, mais la confiance dans les écrivains a elle aussi disparu, et c’est là où devrait se trouver une voix de référence : je dois pouvoir écouter cette personne et savoir qu’elle me dit la vérité. C’est un vrai problème. Et les États-Unis ont évidemment une responsabilité, car nous sommes les grands dévoreurs de drogues, quelque chose de parfaitement détestable.


par René López Villamar & Manuel Dávila Galindo (traduction de l’espagnol Antonio Werli)

Écrivains, critiques, éditeurs et collaborateurs de la revue mexicaine en ligne Hermano Cerdo.